Category Archives: French poems

L’homme et la mer de Charles Baudelaire

L’homme et la mer
Charles Baudelaire

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes,
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

Des belles citations inspirantes sur Amour

Tout ce que tu peux faire dans la vie, c’est être toi-même. Certains t’aimerons pour qui tu es. La plupart t’aimeront pour les services que tu peux leur rendre, d’autres ne t’aimeront pas.
Rita Mae Brown

Doutez que les étoiles ne soient de flamme Doutez que le soleil n’accomplisse son tour Doutez que la vérité soit menteuse infâme Mais ne doutez jamais de mon amour.
William Shakespeare

L’amour n’est pas l’amour s’il il fane lorsqu’il se trouve que son objet s’éloigne. Quand la vie devient dure, quand les choses changent, le véritable amour reste inchangé.
William Shakespeare

Permets à mon sourire de t’offrir ma tendresse, permets à ma main de t’apporter du doux, permets à mon regard de te dire ton importance, et accepter ainsi ma gratitude au cadeau de ta présence.
Jacques Salomé ;Je t’appelle tendresse

..mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Alfred de Musset

Un extrait de la nouvelle" Esprits rebelles" de Khalil Gibran

Music:
Canon In D-brian Craig

Extrait des”Esprits rebelles”
Khalil Gibran

Quand tu perds un ami cher,tu cherches autour de toi et tu en trouves de nombreux autres, alors tu finis par te consoler. Et quand tu perds tes biens, tu réfléchis et tu t’aperçois que tu peux en obtenir tout autant, alors tu finis par oublier.Mais quand tu perds la paix de l’âme,où peux-tu la retrouver, par quoi peux-tu la remplacer? La main de la mort te frappe violemment, et tu es malheureux, pourtant chaque jour et chaque nuit tu sens la caresse de la vie, et tu es heureux.

Le destin vient à toi par surprise, il te dévisage de ses yeux énormes et terrifiants, t’attrape le cou de ses griffes acérées, te jette brutalement à terre,puis te piétine de ses pieds crochus et s’en va en ricanant. Mais il revient vite vers toi plein de repentir et de regret, te relève avec douceur de ses mains gantées de soie, et te chante l’espoir, alors il t’émeut.Tracas et fatigues assaillent tes nuits puis s’évanouissent quand arrive le matin, ainsi tu reprends conscience et espères à nouveau.

Mais quand ta raison de vivre est un oiseau que tu aimes! Tu le nourris des graines de ton cœur et l’abreuves de la lumière de tes yeux,ta poitrine est son refuge et ta chaleur son nid, tu le regardes et le couves de tout ton amour, et voilà qu’il t’échappe, vole au-dessus des nuages puis va chercher un autre toit, sans que tu puisses espérer le voir revenir. Que fais-tu dans ce cas, dis-moi,que fais-tu ? Où trouver patience et consolation, comment faire renaître l’espoir ?

Les Feuilles Mortes- Charles Aznavour/Yves Montand

Chanson:Les Feuilles Mortes
Charles Aznavour
Music de Joseph Kosma
paroles de Jacques Prévert

C’est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m’aimais et je t’aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n’ai pas oublié…
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l’oubli.
Tu vois, je n’ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t’aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t’oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n’ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l’entendrai !

Chanson:LES FEUILLES MORTES
Artiste : Yves Montand

Aimer de Victor Hugo(extrait de:Mille chemins,un seul but)

Aimer de Victor Hugo
Extrait du poème XXVI: “Mille chemins,un seul but”

Aimer, c’est avoir dans les mains
Un fil pour toutes les épreuves,
Un flambeau pour tous les chemins,
Une coupe pour tous les fleuves !

Aimer, c’est comprendre les cieux.
C’est mettre, qu’on dorme ou qu’on veille,
Une lumière dans ses yeux,
Une musique en son oreille !


C’est se chauffer à ce qui bout !
C’est pencher son âme embaumée
Sur le côté divin de tout !
Ainsi, ma douce bien-aimée,

Tu mêles ton cœur et tes sens,
Dans la retraite où tu m’accueilles,
Aux dialogues ravissants
Des flots, des astres et des feuilles !


La vitre laisse voir le jour ;
Malgré nos brumes et nos doutes,
Ô mon ange ! à travers l’amour
Les vérités paraissent toutes !

L’homme et la femme, couple heureux,
À qui le cœur tient lieu d’apôtre,
Laissent voir le ciel derrière eux,
Et sont transparents l’un pour l’autre.


Ils ont en eux, comme un lac noir
Reflète un astre en son eau pure,
Du Dieu caché qu’on ne peut voir
Une lumineuse figure !

Aimons ! prions ! les bois sont verts,
L’été resplendit sur la mousse,
Les germes vivent entr’ouverts,
L’onde s’épanche et l’herbe pousse !


Que la foule, bien loin de nous
Suive ses routes insensées.
Aimons, et tombons à genoux,
Et laissons aller nos pensées !

L’amour, qu’il vienne tôt ou tard,
Prouve Dieu dans notre âme sombre.
Il faut bien un corps quelque part
Pour que le miroir ait une ombre.

Aimons toujours ! Aimons encore ! de Victor Hugo/With the German Translation: Laß Uns Lieben auf Immer! Laß Uns Nochmals Lieben!

Aimons toujours ! Aimons encore !
Victor Hugo

For The english Translation:
Visit symphonyforlove.blogspot.com!

music:
Lane moje(instrumental)-Zeljko Joksimovic

Aimons toujours ! Aimons encore !
Quand l’amour s’en va, l’espoir fuit.
L’amour, c’est le cri de l’aurore,
L’amour c’est l’hymne de la nuit.

Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l’astre dit aux nuages,
C’est le mot ineffable : Aimons !

L’amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c’est le bonheur !

Aime ! qu’on les loue ou les blâme,
Toujours les grand coeurs aimeront :
Joins cette jeunesse de l’âme
A la jeunesse de ton front !

Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu’on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !

Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !

Soyons le miroir et l’image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l’ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu’un !

Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et réveurs.

Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !

Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n’est point moqueur ;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur cœurs.

Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l’onde
Tout ce qui n’est que vanité,

Je préfère aux biens dont s’enivre
L’orgueil du soldat ou du roi,
L’ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.

Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l’on se dit : ” Qu’en reste-t-il ? ”

Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S’effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l’on se dit : ” C’est donc fini ! “

L’amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l’amour !

Conserve en ton coeur,
sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s’éteindre.
Et la fleur qui ne peut mourir !

Laß Uns Lieben auf Immer! Laß Uns Nochmals Lieben!
Victor Hugo

Laß uns lieben auf immer! Laß uns nochmals lieben!
Wenn die Liebe geht, die Hoffnung fliegt.
Liebe! Das ist der Ruf der Morgendämmerung.
Liebe! Das ist die Hymne der Nacht.

Wie erzählt die Welle den Stränden?
Wie erzählt der Wind den alten Gebirgen?
Wie erzählt der Stern den Wolken?
Es ist mit dem unsäglichen Satz: “Laß uns lieben”!

Die Liebe träumt, lebt und glaubt.
Sie ist um das Herz zu ernähren.
Ein Strahl größer als Ruhm
Und dieser Strahl ist Glück!

Liebe! Ob man sie preist oder schuldet,
Werden große Herzen immer lieben:
Verbinde diese Jugend der Seele
Zur Jugend deines Stirns!

Liebe, um deine Stunden zu bezaubern,
Um das man in deine schönen Augen blicken kann
Mit jenen sinnlichen Interieurs
Der geheimnisvollen Lächeln!

Lieben wir uns auf immer und mehr!
Laß uns besser jeden Tag vereinigen
Die Bäume lassen das Laub wachsen;
Laß unsere Seelen auch in der Liebe wachsen.

Laß uns den Spiegel und Spiegelbild sein
Laß uns die Blume und die Duft sein!
Liebhaber, die allein in der Schatten sind
Fühlen sich als Zwei und sind nur Eins!

Die Dichter suchen nach Schönheit.
Die Frau, Engel des reinen Geschmacks,
Liebt sich diese großen feurigen und träumenden Stirnen
Unter seinen Flügeln zu erfrischen.

Komm zu uns, berührende Schönheit!
Komm zu mir, zu dir, mein Eigen, mein Gesetz!
Engel, komm zu mir wenn du singst.
Und wenn du weinst, komm zu mir!

Wir allein verstehen deine Ekstasen,
Denn unser Geist spottet nicht;
Denn Dichter sind die Vasen,
Wohin die Damen ihre Herzen schicken.

Ich, der in der Welt,
Keine einzelne Realität gefunden habe,
Ich, der wie die Welle
Alles fliegen läßt, was nur Eitelkeit ist.

Ich bevorzuge lieber als das, was
Die Arroganz des Soldaten oder des Königs entkräftet,
Den Schatten, der du auf mein Leben setzt,
Als dein Stirn zu mir neigt.

Aller Ehrgeiz, der
In unserem Geist, jenes subtiles Feuer, entzündet ist,
Zerkrümelt zu Asche oder fliegt im Rauch
Und man sagt: “Was wird bleiben”?

Alles Vergnügen, eine kaum geblühte Blume
In unserem dunklen und getrübten April,
Verliert ihre Blätter und stirbt, Lilie, Myrte oder Rose.
Und man sagt zu sich: “Es ist vorbei”!

Nur die Liebe bleibt. Ach, edle Dame,
Wenn du deinen Glauben,deine seele, deinen Gott halten willst,
hüte die Liebe.

Erhalte in deinem Herzen, ohne etwas zu fürchten,
Wenn du weinen und erlitten müßt,
Die Flamme, die nicht ausgelöscht werden kann
Und die Blume, die nicht sterben kann!

Aimer

Aimer

Sur toutes faces de ce monde,
Dieu, apprends-moi à aimer,
À dessiner des constellations de beauté
Sur les vagues de ton éternité.

Sur toutes faces de ce monde,
Dieu, donne-moi la licence d’amour
Afin que je puisse encenser le monde
De la plus haute des fraternités.

Sur toutes faces de ce monde,
Dieu, apprends-moi à lire dans mes versets de prière
Le fronton doré de ton Temple de lumière
Qui éclot dans mon silence intérieur.

D’une mesure d’homme
Soumise aux contraintes de la pesanteur,
Je filtre parfois un peu d’élixir de vie
Que je chante au travers de mes poèmes.

D’une expérience tissée de hasard,
Je remplis mes jarres,
Pour peindre et dépeindre
La vie que je tiens dans le creuset de mon coeur.

Et tout cela me hante,
Et tout cela m’enchante
Comme une bruine d’espérance
Sur le faîte de mes errances.

Qui suis-je pour parler d’amour ?
Un homme versé de rires et de larmes…
Qui suis-je pour parler d’amour ?
Sinon une étoile en maturation dans le firmament de ton éternité…

MAILIED(Song Of Mai) by Johann Wolfgang Goethe

MAILIED(Song Of Mai)
Johann Wolfgang Goethe

The original Poem in German
Translation by John Sigerson

How grandly nature
Shines upon me!
How glistens the sun!
How laughs the mead!

From countless branches
The blossoms thrust,
A thousand voices
From underbrush,

And joy ecstatic
Fills everyone.
O sun! O earth!
O risk! O fun!

O love, oh, lovely,
So golden fair
Like morning cloudlets
On that hill there!

You prosper grandly
The dew-fresh fields
With breath of flowers;
The whole Earth yields!

O maiden, maiden,
How I love thee!
Your eye’s a-sparkle–
How you love me!

Just as the lark loves
Singing and sky,
And morning-blooms thrive
On heav’n-mists high–

So do I love you,
With throbbing heart,
Who give me the youth,
Joy, courage, art

To fashion new songs,
New dances free.
Be ever happy,
As you love me!

The German Original poem
Mailied

Wie herrlich leuchtet
Mir die Natur!
Wie glänzt die Sonne,
Wie lacht die Flur!

Es dringen Blüten
Aus jedem Zweig,
Und tausend Stimmen
Aus dem Gesträuch,

Und Freud’ und Wonne
Aus jeder Brust
O Erd’, o Sonne!
O Glück, o Lust!

O Lieb’, o Liebe!
So golden schön
Wie Morgenwolken
Auf jenen Höhn

Du segnest herrlich,
Das frische Feld
Im Blütendampfe
Die volle Welt

O Mädchen, Mädchen
Wie lieb’ ich dich
Wie blinkt dein Auge!
Wie liebst du mich!

So liebt die Lerche
Gesang und Luft
Und Morgenblumen
Den Himmelsduft.

Wie ich dich liebe
Mit warmem Blut
Die du mir Jugend,
Und Freud’ und Mut
Zu neuen Liedern
Und Tänzen gibst
Sei ewig glücklich
Wie du mich liebst !

In French
Chant de Mai

De quelle sublime lumière
La nature m’inonde!
Comme le soleil resplendit!
Quelle allégresse dans ces campagnes!

De chaque rameau
Jaillissent les fleurs,
Mille voix chantent
Dans les buissons.

Joie et volupté
Jaillissent de chaque poitrine,
Oh Terre, oh soleil,
Oh bonheur, oh plaisir!

Oh Amour, Amour!
Aussi beau que l’or!
Comme les nuages de l’aube
Là-bas sur ces collines!

Tu offres ta sublime bénédiction
A la fraîcheur des champs
Et dans l’ haleine des fleurs
Au monde épanoui.

Oh jeune fille, jeune fille,
Comme je t’aime,
Comme tes yeux brillent!
Comme tu m’aimes!

C’est ainsi que l’alouette
Aime le chant et les airs
Et les fleurs de l’aube
L’haleine du ciel.

De même que moi je t’aime
D’un sang ardent
Toi qui me donnes la jeunesse
La joie et le courage
De créer de nouveaux chants
Et de nouvelles danses
Que ton bonheur soit éternel
Comme ton amour pour moi!

Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine de Victor Hugo(poème d’amour)

Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine
Victor Hugo
Le recueil:Le Chant du Crépuscule

Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine;
Puisque j’ai dans tes mains posé mon front pâli;
Puisque j’ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l’ombre enseveli;


Puisqu’il me fut donné de t’entendre me dire
Les mots où se répand le coeur mystérieux;
Puisque j’ai vu pleurer, puisque j’ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux;


Puisque j’ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours;
Puisque j’ai vu tomber dans l’onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours;


Je puis maintenant dire aux rapides années:
– Passez ! passez toujours ! je n’ai plus à vieillir!
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées;
J’ai dans l’âme une fleur que nul ne peut cueillir!


Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m’abreuve et que j’ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n’avez de cendre!
Mon coeur a plus d’amour que vous n’avez d’oubli!

Lorsque On est caressé avec de l’âme .Extrait de Les misérables de Victor Hugo.

Musique:
STAMATIS SPANOUDAKIS-A Piece Of My Soul


Metin Demiralay Photography

Extrait de Les misérables de Victor Hugo.

Disons-le en passant,être aveugle et être aimé,c’est en effet, sur cette terre où rien n’est complet,une des formes les plus étrangement exquises du bonheur.

Avoir continuellement à ses côtés une femme,une fille,
une soeur,un être charmant,qui est là parce que vous
avez besoin d’elle et parce qu’elle ne peut se passer
de vous,se savoir indispensable à qui nous est nécessaire,
pouvoir incessamment mesurer son affection à la quantité
de présence qu’elle nous donne,et se dire:
puisqu’elle me consacre tout son temps,c’est que j’ai tout
son coeur;voir la pensée à défaut de la figure,

constater la fidélité d’un être dans l’éclipse du monde,
percevoir le frôlement d’une robe comme un bruit d’ailes,
l’entendre aller et venir,sortir, rentrer,parler, chanter,
et songer qu’on est le centre de ces pas,de cette parole,
de ce chant,manifester à chaque minute sa propre attraction,
se sentir d’autant plus puissant qu’on est plus infirme,
devenir dans l’obscurité,et par l’obscurité,l’astre autour
duquel gravite cet ange,peu de félicités égalent celle-là.

Le suprême bonheur de la vie,c’est la conviction qu’on
est aimé;aimé pour soi-même,disons mieux,aimé malgré
soi-même;cette conviction,l’aveugle l’a.Dans cette
détresse,être servi,c’est être caressé.Lui manque-t-il
quelque chose?Non.Ce n’est point perdre la lumière
qu’avoir l’amour.Et quel amour! un amour entièrement fait
de vertu.Il n’y a point de cécité où il y a certitude.

L’âme à tâtons cherche l’âme,et la trouve.Et cette âme
trouvée et prouvée est une femme.Une main vous soutient,
c’est la sienne;une bouche effleure votre front,c’est
sa bouche;vous entendez une respiration tout près de vous,
c’est elle.Tout avoir d’elle,depuis son culte jusqu’à
sa pitié,n’être jamais quitté,avoir cette douce faiblesse
qui vous secourt,s’appuyer sur ce roseau inébranlable,
toucher de ses mains la providence et pouvoir la prendre
dans ses bras,Dieu palpable,quel ravissement!

Le coeur,cette céleste fleur obscure,entre dans un épanouissement
mystérieux.On ne donnerait pas cette ombre pour toute la clarté.L’âme ange est là,sans cesse là;si elle s’éloigne,c’est pour revenir; elle s’efface comme le rêve et reparaît comme la réalité.On sent de la chaleur qui approche,la voilà.On déborde de sérénité, de gaîté et d’extase; on est un rayonnement dans la nuit.

Et mille petits soins. Des riens qui sont énormes dans
ce vide. Les plus ineffables accents de la voix féminine
employés à vous bercer,et suppléant pour vous à l’univers
évanoui. On est caressé avec de l’âme.On ne voit rien,
mais on se sent adoré.C’est un paradis de ténèbres.